Comment être une Église synodale en mission ? Cinq perspectives à approfondir théologiquement en vue de la Deuxième Session de la XVIe Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Evêques
En nous appuyant sur ce document préparatoire en vue de la Deuxième Session de la XVIe Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Evêques, nous allons explorer, en cinq axes, comment être une Église synodale en mission. Ces cinq perspectives peuvent aider l’Eglise comme communauté synodale à répondre de manière créative et fidèle à l’appel du Seigneur.
1. La méditation de l’Écriture Sainte et la prière : Fondements de la vie synodale
Dans un premier temps, nous devons reconnaître que la méditation de l’Écriture Sainte et la prière sont les fondements sur lesquels repose toute vie synodale. Ces pratiques nous permettent d’ouvrir nos esprits et nos cœurs à l’accueil du Christ présent dans son Esprit. En nous plongeant dans la Parole de Dieu, nous nous engageons dans un dialogue profond avec notre Créateur, nous permettant ainsi de discerner sa volonté pour notre communauté et notre mission.
La méditation de l’Écriture Sainte et la prière sont des pratiques essentielles pour nourrir la vie synodale de l’Église. Elles nous permettent de nous connecter et d’entrer en communion avec Dieu, de discerner sa volonté, de recevoir des directives pour notre cheminement en tant qu’Église et de nous guider dans notre mission commune en tant que peuple de Dieu.
La Lectio Divina : Cette pratique ancienne de méditation de la Parole de Dieu implique une lecture lente et réfléchie des Écritures, suivie d’une méditation profonde sur le sens des passages choisis, puis d’une prière personnelle basée sur ce qui a été lu. Dans le cadre d’un processus synodal, les membres de l’Église pourraient se réunir régulièrement pour pratiquer la Lectio Divina ensemble, en partageant ensuite les inspirations qu’ils ont reçus. Cela favorise une meilleure compréhension collective de la volonté de Dieu pour la communauté.
La prière communautaire : Outre la méditation personnelle de l’Écriture, la prière communautaire est également essentielle dans la vie synodale. Les rassemblements liturgiques, les adorations eucharistiques et les réunions de prière peuvent tous servir de moments où l’Église se tourne ensemble vers Dieu pour chercher orientation et inspiration. Par exemple, lors d’une assemblée synodale, des moments de prière commune peuvent être intégrés dans l’ordre du jour pour nourrir spirituellement les participants et les aider à rester alignés sur la volonté divine.
Les exemples bibliques de discernement : De nombreux récits bibliques illustrent des processus de discernement et de recherche de la volonté de Dieu. Par exemple, l’histoire des Actes des Apôtres relate comment l’Église primitive, lorsqu’elle était confrontée à des défis et des décisions importantes, se réunissait en prière pour chercher la direction du Saint-Esprit. Ce modèle peut être suivi par les synodes modernes, où les membres de l’Église se rassemblent dans un esprit de prière et d’écoute pour discerner ensemble les prochaines étapes à suivre.
Les enseignements des saints et des mystiques : Les saints et les mystiques de l’Église ont souvent souligné l’importance de la prière et de la méditation dans leur propre cheminement spirituel. Leur exemple peut inspirer les membres de l’Église synodale à approfondir leur vie de prière et à s’ouvrir davantage à l’action de l’Esprit Saint dans leurs délibérations synodales.
2. La pratique de la “conversation dans l’Esprit”
Nous sommes fortement invités à explorer la pratique de la “conversation dans l’Esprit” comme moyen privilégié d’exprimer la dimension spirituelle du chemin synodal. Cette pratique nous invite à dialoguer avec Dieu et entre membres de l’Église pour discerner ensemble sa volonté. Elle ne se limite pas à un échange de paroles, mais constitue un engagement profond à écouter et à répondre à l’appel de Dieu dans nos vies et dans notre communauté.
La pratique de la “conversation dans l’Esprit” est une dimension essentielle du chemin synodal, car elle nous permet d’approfondir notre relation avec Dieu et entre membres de l’Église d’une manière plus intime et interactive.
Voici quelques façons dont cette pratique peut être mise en œuvre dans notre contexte :
La prière d’intercession : Au cœur de la conversation dans l’Esprit se trouve la prière d’intercession, où les membres de l’Église élèvent leurs préoccupations et leurs aspirations devant Dieu. Dans le cadre d’un synode, cela pourrait impliquer des temps dédiés à la prière collective pour demander l’assistance de l’Esprit Saint dans les délibérations et les décisions à prendre.
Les temps de partage spirituel : La conversation dans l’Esprit implique également des moments où les membres de l’Église partagent leurs expériences spirituelles et leurs témoignages de la présence de Dieu dans leur vie. Ces partages peuvent servir d’inspiration mutuelle et aider à renforcer le sens de communauté et de solidarité parmi les participants au synode.
La pratique de l’écoute attentive : Un aspect crucial de la conversation dans l’Esprit est l’écoute mutuelle et attentive des voix de tous les membres de l’Église. Cela signifie accorder une attention particulière aux perspectives, idées ou observations apportés par chacun, reconnaissant que l’Esprit Saint peut parler à travers n’importe quel membre de la communauté.
Le discernement communautaire : Enfin, la conversation dans l’Esprit nous invite au discernement communautaire, où les membres de l’Église cherchent ensemble à comprendre la volonté de Dieu pour leur communauté et à discerner les prochaines étapes à suivre. Cela nécessite une ouverture à l’action de l’Esprit Saint et une disposition à suivre là où il conduit.
Au regard de ces orientations, nous voyons que la pratique de la “conversation dans l’Esprit” est un élément vital de la vie synodale de l’Église, nous aidant à approfondir notre relation avec Dieu et à discerner ensemble sa volonté pour notre communauté. En nous engageant dans cette pratique, nous ouvrons nos cœurs et nos esprits à l’action transformatrice de l’Esprit Saint, nous guidant sur le chemin de la mission et de la communion ecclésiale.
3. L’importance des dimensions institutionnelle et procédurale
Parallèlement, nous ne pouvons ignorer l’importance des dimensions institutionnelle et procédurale de l’Église dans le processus synodal. Ces dimensions garantissent la transparence, la participation et l’équité au sein de notre communauté. En veillant à ce que nos organes et événements reflètent fidèlement la vie et la mission de l’Église, nous contribuons à créer un environnement propice à la croissance spirituelle et à la communion fraternelle.
Les dimensions institutionnelle et procédurale jouent un rôle crucial dans le processus synodal de l’Église, car elles établissent le cadre nécessaire à la transparence, à la participation et à l’équité au sein de notre communauté.
Voici quelques façons dont ces dimensions peuvent être mises en avant dans notre contexte :
La structuration des organes synodaux : Une dimension institutionnelle solide implique la mise en place d’organes synodaux clairement définis, avec des rôles et des responsabilités spécifiques. Cela peut inclure la désignation de représentants de divers secteurs de l’Église, ainsi que des processus de nomination transparents et inclusifs.
La définition des procédures de prise de décision : Les dimensions procédurales concernent la manière dont les décisions sont prises au sein de la communauté synodale. Il est essentiel d’établir des procédures claires et équitables, garantissant la participation de tous les membres de l’Église et favorisant la prise de décisions consensuelles et informées.
La promotion de la transparence et de la responsabilité : Les dimensions institutionnelle et procédurale doivent également promouvoir la transparence et la responsabilité dans toutes les activités synodales. Cela peut inclure la publication régulière de comptes rendus, la consultation publique sur les décisions importantes et la reddition de comptes des responsables synodaux.
L’intégration des feedbacks et des évaluations : Un aspect crucial des dimensions institutionnelle et procédurale est l’intégration des feedbacks et des évaluations dans le processus synodal. Cela permet d’identifier les domaines où des améliorations sont nécessaires et de garantir que le processus reste dynamique et adapté aux besoins de la communauté.
Tenant compte de ces différentes dimensions institutionnelle et procédurale, l’Église peut jouer un rôle essentiel dans la création d’un environnement propice à la croissance spirituelle et à la communion fraternelle. En veillant à ce que nos structures et nos processus reflètent fidèlement la vie et la mission de l’Église, nous contribuons à construire une communauté synodale solide, transparente et participative, guidée par l’Esprit Saint dans sa mission de proclamation de l’Évangile.
4. L’articulation entre le local et l’universel
Une autre perspective à explorer est l’articulation entre le local et l’universel dans notre vie synodale. Chaque Église locale est appelée à partager ses dons avec toutes les autres, dans un esprit de communion et de coopération. En reconnaissant la diversité des contextes culturels et sociaux dans lesquels nous vivons, nous pouvons mieux répondre aux défis de la mission dans le monde d’aujourd’hui, en restant ancrés dans notre identité chrétienne commune.
L’articulation entre le local et l’universel dans notre vie synodale revêt une importance cruciale pour la vitalité et la pertinence de notre mission chrétienne.
Ainsi, voici quelques façons dont cette perspective peut être explorée et mise en pratique :
La valorisation des particularités locales : Reconnaître et valoriser les particularités culturelles, sociales et ecclésiales de chaque Église locale est essentiel pour favoriser une véritable communion dans la diversité. Cela implique de respecter et de célébrer les traditions et les charismes spécifiques de chaque communauté, tout en veillant à ce qu’elles s’intègrent harmonieusement dans la vie de l’Église universelle.
La promotion de la solidarité et de la coopération : L’articulation entre le local et l’universel suppose également la promotion de la solidarité et de la coopération entre les différentes Églises locales. Cela peut se concrétiser par des partenariats et des échanges entre diocèses, des initiatives de soutien mutuel et des projets de collaboration dans le domaine de la mission et de la pastorale.
L’adaptation aux défis du monde contemporain : En reconnaissant la diversité des contextes dans lesquels nous vivons, nous sommes mieux équipés pour relever les défis de la mission dans le monde contemporain. Cela peut impliquer une adaptation des méthodes pastorales et des stratégies missionnaires en fonction des réalités locales, tout en restant fidèles aux valeurs et à la vision de l’Évangile.
La communion dans la prise de décision : L’articulation entre le local et l’universel se manifeste également dans les processus de prise de décision au sein de l’Église. Il est essentiel que les décisions prises au niveau universel prennent en compte les réalités et les besoins des Églises locales, et vice versa. Cela nécessite une communication ouverte et un dialogue constant entre les différentes instances de l’Église.
Ainsi, l’articulation entre le local et l’universel dans notre vie synodale est fondamentale pour une Église authentiquement catholique, c’est-à-dire universelle. En valorisant la diversité et en favorisant la coopération entre les différentes communautés ecclésiales, nous pouvons mieux répondre aux défis de la mission dans le monde contemporain, en témoignant de l’amour et de la miséricorde du Christ à tous les peuples et à toutes les nations.
5. La dimension missionnaire de l’Église
Le document insiste sur la nécessité de garder à l’esprit que la dimension missionnaire de l’Église est au cœur de notre appel synodal. En tant que disciples du Christ, notre mission est d’annoncer l’Évangile à tous les peuples, en nous engageant activement dans le monde et en répondant aux besoins de nos frères et sœurs les plus vulnérables. C’est cet élan vers la mission qui donne un sens à notre démarche synodale et qui nous pousse à rechercher constamment ce que le Seigneur attend de nous dans notre mission commune. La dimension missionnaire de l’Église est véritablement au cœur de notre vocation synodale.
Voici quelques points clés pour illustrer cette perspective :
L’évangélisation comme impératif : L’évangélisation est la mission fondamentale de l’Église, appelée à proclamer la Bonne Nouvelle à toutes les nations. Cette mission doit être au centre de notre démarche synodale, nous rappelant que notre objectif ultime est de témoigner de l’amour de Dieu et de partager la joie de l’Évangile avec le monde entier.
L’engagement concret dans le monde : Être une Église synodale en mission signifie s’engager activement dans le monde, en répondant aux besoins concrets de nos frères et sœurs les plus vulnérables. Cela peut se traduire par des actions de solidarité, d’aide humanitaire, de promotion de la justice sociale et de défense des droits humains, reflétant ainsi la sollicitude et la compassion du Christ pour les plus petits et les plus marginalisés.
La recherche de la volonté de Dieu : Notre démarche synodale est guidée par la recherche constante de la volonté de Dieu pour notre communauté et notre mission. En nous tournant vers le Seigneur dans la prière et la méditation de l’Écriture, nous cherchons à discerner les voies par lesquelles nous pouvons mieux répondre à l’appel de la mission et à participer à l’œuvre de salut que Dieu accomplit dans le monde.
La coopération dans l’annonce de l’Évangile : En tant qu’Église synodale, nous sommes appelés à collaborer étroitement dans l’annonce de l’Évangile. Cela implique de travailler ensemble, en communion avec l’ensemble du Peuple de Dieu, pour témoigner de la foi chrétienne de manière cohérente et efficace, en nous soutenant mutuellement dans nos efforts missionnaires et en partageant nos ressources et nos talents pour le bien de tous.
Ce que nous pouvons retenir de ce document, c’est que, être une Église synodale en mission nous appelle à une démarche profonde et engagée, basée sur cinq perspectives fondamentales.
- Tout d’abord, nous devons cultiver une vie de prière et de méditation de l’Écriture. C’est à travers cette connexion intime avec Dieu que nous puisons la force et la sagesse nécessaires pour discerner sa volonté et pour répondre à son appel dans nos vies individuelles et collectives.
- Ensuite, la pratique de la “conversation dans l’Esprit” est essentielle. En dialoguant avec Dieu et en échangeant entre membres de l’Église, nous sommes guidés dans notre discernement et renforcés dans notre communion fraternelle, nous permettant ainsi de cheminer ensemble sur le chemin de la foi.
- Parallèlement, veiller à une gouvernance ecclésiale transparente et participative est indispensable. En garantissant la transparence, la participation et l’équité au sein de notre communauté, nous favorisons un environnement propice à la croissance spirituelle et à la communion fraternelle, reflétant ainsi les valeurs évangéliques de justice et d’amour.
- De plus, promouvoir la communion entre le local et l’universel est crucial. En reconnaissant la diversité des contextes culturels et sociaux dans lesquels nous vivons, tout en restant ancrés dans notre identité chrétienne commune, nous sommes mieux équipés pour répondre aux défis de la mission dans le monde d’aujourd’hui, en communion avec toute l’Église universelle.
- Enfin, rester fermement engagés dans la mission évangélique du Christ est notre responsabilité première.En nous tournant vers l’extérieur et en répondant aux besoins de nos frères et sœurs les plus vulnérables, nous incarnons l’amour et la compassion du Christ dans le monde, témoignant ainsi de notre engagement envers sa mission de salut pour toute l’humanité.
En conclusion, être une Église synodale en mission implique de cultiver une vie de prière et de méditation de l’Écriture, de pratiquer la “conversation dans l’Esprit”, de veiller à une gouvernance ecclésiale transparente et participative, de promouvoir la communion entre le local et l’universel, et de rester fermement engagés dans la mission évangélique du Christ. C’est en nous appuyant sur ces cinq perspectives que nous pourrons répondre de manière créative et fidèle à l’appel du Seigneur dans notre vie et dans notre communauté synodale.