Le pouvoir des évêques limite les charismes des congrégations religieuses

Dans l’univers complexe de la gouvernance ecclésiale, où se situe la limite entre l’autorité diocésaine et l’indépendance religieuse ? Cette question n’est pas simplement d’ordre bureaucratique ; elle touche au cœur même de la mission de l’Église—l’évangélisation et l’incarnation des valeurs du Christ. Comme le souligne Mutuae relationes, « les rapports mutuels entre les divers membres du Peuple de Dieu suscitent aujourd’hui une attention particulière ». Alors que l’Église s’efforce de revitaliser sa mission, redéfinir ces relations est devenu une nécessité urgente.

Une Réunion sous l’Arbre à Palabres Africain

Le vendredi 2 août 2024, des centaines de catholiques africains, entourés de plusieurs de leurs évêques, se sont rassemblés pour une discussion cruciale. Il s’agissait du neuvième volet d’une série de conversations synodales co-organisées par le Réseau Panafricain de Théologie et de Pastorale Catholique (Pactpan) et la Confédération des Conférences des Supérieur(e)s Majeur(e)s d’Afrique est de Madagascar (COSMAM). Connues sous le nom de “conversations sous l’arbre à palabres”, ces sessions offrent un forum unique où les catholiques africains se retrouvent pour engager des dialogues critiques.

Cette dernière discussion a porté sur un sujet aussi délicat qu’essentiel : la relation entre les évêques diocésains et les ordres religieux en Afrique. Parmi les principaux intervenants figurait Sœur Marie Diouf, FSCM, Supérieure Générale des Filles du Saint-Cœur de Marie et présidente de COSMAM. Experte en droit canonique, Sœur Diouf a apporté une perspective nuancée, soulignant la complexité de ce dialogue permanent entre les autorités diocésaines et religieuses.

Tensions Implicites : Autorité Religieuse vs Diocésaine

Sœur Diouf n’a pas hésité à aborder le sujet sensible des préjugés implicites qui continuent de teinter les relations entre les ordres religieux et le clergé diocésain. « Les relations entre les religieux et le clergé diocésain sont encore marquées par des préjugés implicites », a-t-elle déclaré, reconnaissant que ces tensions sont profondément ancrées dans la structure même de l’Église en Afrique.

Elle a également mentionné que, malgré des années de coexistence, une tension subtile mais persistante persiste. Les congrégations religieuses se sentent souvent marginalisées, avec l’impression de ne pas être pleinement intégrées à la vie diocésaine. Sœur Diouf a illustré ce sentiment en disant : « Les membres des congrégations religieuses ont souvent l’impression d’être en marge, de ne pas être totalement acceptés ou intégrés dans les diocèses. »

De l’autre côté, les diocèses perçoivent parfois ces congrégations comme un “État dans l’État”, une entité indépendante qui ne s’aligne pas toujours avec les priorités diocésaines. « Il est vrai que certaines diocèses voient les congrégations religieuses comme un ‘État dans l’État’, ce qui crée une barrière à une collaboration véritablement harmonieuse », a-t-elle expliqué.

Ces tensions sous-jacentes ne sont pas seulement une question de perception—elles reflètent des problèmes plus profonds de confiance, de collaboration et de respect mutuel. Les remarques de Sœur Diouf ont mis en lumière la nécessité d’un dialogue renouvelé, qui reconnaît ces défis de manière honnête et travaille vers une coexistence plus harmonieuse.

Un Appel à l’Unité : La Voie à Suivre

La conversation lors de ce rassemblement synodal allait au-delà des simples paroles—c’était un véritable appel à l’action. Alors que l’Église en Afrique continue de naviguer dans un monde en mutation rapide, le besoin d’unité entre les autorités diocésaines et religieuses devient de plus en plus pressant. Cette unité n’est pas seulement une question d’efficacité administrative; il s’agit de garantir que l’Église puisse accomplir sa mission d’évangélisation.

Sur un continent où l’Église joue un rôle crucial dans la société, ces dynamiques internes peuvent avoir des répercussions considérables. En abordant ces questions de front, l’Église en Afrique a l’occasion de donner un exemple puissant pour l’Église mondiale—un modèle de collaboration qui incarne véritablement les valeurs de l’Évangile.

Sœur Diouf a exprimé avec clarté l’enjeu de ce dialogue : « L’unité entre les diocèses et les congrégations religieuses n’est pas seulement souhaitable, elle est essentielle à la mission de l’Église en Afrique. Nous devons surmonter ces préjugés et travailler ensemble pour le bien commun. »

Participez à la Conversation

Le synode sur la synodalité, nous donne l’opportunité de revisiter ces concepts de communion, « du marcher ensemble », de l’écoute, du partage, de l’attention portée à l’autre, et surtout de l’Eglise, Famille de Dieu en Afrique.

Alors que ces discussions continuent d’évoluer, une chose est claire : l’avenir de l’Église en Afrique dépend de la volonté de ses dirigeants à s’engager dans un dialogue ouvert et honnête. C’est une conversation qui touche tout le monde, des évêques aux laïcs. Et, cette conversation est loin d’être terminée.

Restez à l’écoute alors que Pactpan et COSMAM continuent de mettre en lumière ces questions cruciales, défiant l’Église en Afrique — et au-delà-à vivre sa mission avec une vigueur et une unité renouvelée.

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