Un professeur brazzavillois appelle l’attention de l’église à la crise du mariage chez les jeunes

Les jeunes Africains hésitent à s’engager dans le mariage en raison des pressions économiques, sociales et personnelles, mais avec un soutien spirituel et une réforme des valeurs traditionnelles, il est possible de surmonter ces obstacles et de redonner du sens à l’engagement marital.

mariage chez les jeunesLa question du mariage religieux est près qu’une crise pour les jeunes africains aujourd’hui. Dr Côme Chancel LIKOUKA, professeur de mathématiques à l’Université Marien Ngouabi au Congo Brazzaville qui est aussi un des encadreurs des jeunes dans l’Archidiocèse de Brazzaville, nous a livré constat alarmant. Le mariage, autrefois perçu comme un sacrement incontournable, est désormais remis en question par les jeunes Africains. Le professeur LIKOUKA, à travers ses observations et ses échanges avec la jeunesse, a recueilli autant d’information cruciale difficiles à ignorer. Ainsi, au cours du 12e série de la conversation synodale, le palaver africain, il nous a éclairé sur les raisons de cette crise et propose des pistes de solutions pour un renouveau de la foi en en mariage chrétien en Afrique.

Les jeunes Africains face à des barrières économiques insurmontables

Pour Dr LIKOUKA les facteurs économiques sont des principales raisons pour lesquelles les jeunes repoussent ou abandonnent l’idée du mariage chrétien. « Les jeunes sont confrontés à une surenchère de la dot et à des mariages pompeux, sans parler de longues listes d’objets en nature à fournir qui les poussent à des unions palliatives, loin de l’idéal chrétien », explique-t-il. Ainsi, pour beaucoup, la possibilité de contracter des dettes considérables pour faire impression lors du mariage est une réalité inévitable. Ces pratiques, loin de renforcer l’engagement, créent une précarité émotionnelle et financière durable, et parfois ils sont obligés de vivre sans mariage aussi longtemps possible et se marier lorsque ou si la richesse suivra.

La pression sociale freine l’engagement religieux chez les jeunes

En plus, le regard de la société et la peur de l’échec sont également des obstacles majeurs. Selon le professeur LIKOUKA, « la crainte du caractère indissoluble du mariage chrétien pousse les jeunes à hésiter. Ils redoutent un mauvais choix de partenaire, et se sentent condamnés à une vie sans échappatoire possible ». De plus, les jeunes craignent de s’engager sans être sûrs de la capacité de leur partenaire à concevoir, sachant que l’infertilité est stigmatisée en Afrique. Cette pression sociale, amplifiée par les réseaux sociaux, où la polygamie est parfois présentée comme une norme, contribue à la déstabilisation des jeunes.

Des blessures profondes qui mitigent la perception du mariage

Enfin, Dr LIKOUKA souligne que les blessures intérieures que les jeunes portent en eux sont une cause profonde de leur méfiance envers le mariage chrétien. « Beaucoup de jeunes ont grandi dans des familles dysfonctionnelles, marquées par l’alcoolisme, la violence, ou l’absence parentale. Ces traumatismes ont altéré leur conception du mariage et nécessitent une guérison spirituelle et psychologique », affirme-t-il. Face à ces défis, il est urgent de revoir la manière dont l’Église accompagne les jeunes dans leur cheminement vers le mariage.

Propositions concrètes pour l’avenir du mariage en Afrique

Pour répondre à cette crise, le professeur LIKOUKA propose des pratiques à adopter dans la formation des jeunes à la foi. Il insiste sur l’importance de les aider à faire l’expérience profonde de la rencontre avec Dieu et de favoriser le dialogue. « Il faut partir du positif, initier les jeunes à une sexualité responsable et guérir les blessures émotionnelles », recommande-t-il. En redynamisant la pastorale familiale et en vulgarisant l’enseignement de l’Église, le renouveau du mariage chrétien en Afrique est possible.

Certes, cela ne peut pas se faire correctement sans un dialogue franc avec la société et les cultures qui rendent le mariage inaccessible aux jeunes. La réforme de la culture qui entoure le mariage est requise et l’église doit en être porteur de flambeau. Voilà pourquoi les paroles du professeur LIKOUKA résonnent comme un appel à l’action. Il est temps pour l’Église, les familles et la société de se mobiliser pour offrir aux jeunes Africains des perspectives claires et rassurantes sur le mariage chrétien. La solution passe par une refonte des approches traditionnelles et une écoute active des aspirations des jeunes.

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